Pollution numérique : pourquoi nous sommes tous concernés
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Qu’est ce que la pollution numérique ?
La facilité d’utilisation et l’aspect dématérialisé des produits ou services numériques peuvent avoir tendance à nous faire oublier que oui, le numérique pollue. C’est même un des acteurs majeurs des émissions carbones par le biais de ce qu’on appelle la pollution numérique. Mais comment ? En quoi l’utilisation de mon ordinateur peut avoir un impact sur la planète ?
“Le numérique émet aujourd’hui 4% des gaz à effet de serre du monde, soit davantage que le transport aérien civil. Cette part pourrait doubler d’ici 2025 pour atteindre 8% du total - soit la part actuelle des émissions des voitures.”
Rapport de The Shift Project, « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne » (2019)
En effet, si la consommation d’électricité ne rejette pas de gaz à effet de serre en soi, elle n’en demeure pas moins énergivore.
- La production d’électricité constitue un peu moins de la moitié des émissions carbones mondiales
- Environ 80% de la production d’électricité est produite avec la combustion d’énergie fossile
- D’après Greenpeace, l’industrie du net représentait 7% de la consommation mondiale d’électricité en 2017
Par ailleurs, c’est sans surprise qu’on peut affirmer que les méthodes de fabrication et cycles de production de tous nos équipements (utilisation de ressources naturelles non renouvelables, transports du matériel) ont un impact direct sur notre environnement.
Les principales causes de la pollution numérique
La pollution du numérique peut être distinguée en 2 grandes catégories :
- la consommation énergétique issue de la production (45%)
- Fabrication (majoritairement)
- Fin de vie
- Pour en savoir plus sur l’impact énergétique des objets, voir cette infographie : http://multimedia.ademe.fr/infographies/infographie-poids-carbone/
- la consommation énergétique issue de l’utilisation (55%)
- Data-centers (stockage des données)
- Réseaux (acheminement des données)
- Terminaux (utilisation)
On remarque donc que malgré qu’ils soient souvent présentés comme les plus énergivores, les data-centers ne représentent que 19% de la consommation énergétique du numérique, soit 1% de moins que l’usage des terminaux. Ce qui signifie que notre utilisation quotidienne du numérique a plus d’impact sur l’environnement que les data-centers. Si on ajoute à cela la consommation d’énergie nécessaire à la fabrication, les terminaux représentent environ 65% de la pollution numérique.
“En 2019, la hiérarchie des sources d’impacts est la suivante, par ordre
décroissant d’importance :
1. Fabrication des équipements utilisateurs ;
2. Consommation électrique des équipements utilisateurs ;
3. Consommation électrique du réseau ;
4. Consommation électrique des centres informatiques ;
5. Fabrication des équipements réseau ;
6. Fabrication des équipements hébergés par les centres informatiques
(serveurs, etc.)”
Source : Empreinte environnementale du numérique mondial, GreenIT, 2019
Une responsabilité portée par les pays développés
Bien qu’exprimée mondialement, la responsabilité de la pollution numérique n’est clairement pas partagée à parts égales.
“En moyenne en 2018, un Américain possède près de 10 périphériques numériques connectés, et consomme 140 Gigaoctets de données par mois. Un Indien possède en moyenne un seul périphérique, et consomme 2 Gigaoctets.”
La surconsommation des pays développés reste la plus grande source d’impacts environnementaux dans le domaine numérique (ou n’importe quel autre domaine d’ailleurs).
Vers une sobriété numérique ?
Ces dernières années, des organismes se sont penchés plus en détails sur les solutions possibles pour diminuer l’impact énergétique du numérique. Des nouvelles démarches telles que la sobriété numérique ont vu le jour : elle consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens. En d’autres terme, ça signifie revoir notre comportement d’achat et de consommation du numérique.
Des gestes simples pour une consommation plus responsable
A titre individuel, chacun peut déjà contribuer à diminuer l’impact énergétique en apprenant à réguler sa consommation du numérique.
- Garder ses équipements numériques le plus longtemps possible est le geste le plus efficace : passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50% son bilan environnemental
- Vider sa boîte email régulièrement (supprimer les mails, pas les archiver !)
- Faire le tri dans les abonnements newsletters : leur envoi et leur stockage consomme énormément d’énergie
- 75% des mails reçus sont des spams
- Limiter son utilisation de moteur de recherche : 1 requête sur Google est l’équivalent de laisser allumer 1 ampoule 12W pendant 2h
- Enregistrer ses sites les plus consultés en favori
- Éteindre et débrancher ses appareils informatiques lorsqu’on ne les utilise pas
- Ordinateur, imprimante, console de jeu, TV…
- Brancher ses équipements sur une multiprise à interrupteur pour ne pas avoir à tout débrancher (car même éteints, les équipements continuent à consommer)
- Une box TV consomme autant qu’un réfrigérateur !
- Faire du tri dans ce que l’on stocke sur le cloud (photos, vidéos…) :
- Garder uniquement ce qui est nécessaire, dans une qualité optimale (faire le tri !)
- Utiliser la plus faible résolution qui permet de profiter du contenu lorsqu'on regarde une vidéo
- Ai-je vraiment besoin de regarder cette vidéo de recette de cuisine en 4K, juste parce que ma connexion internet me le permet ?
- Diminuer sa consommation de vidéo en ligne
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- Chaque année, la consommation mondiale de vidéo en ligne pollue autant que l’Espagne (soit 1% des émissions mondiales)
Pour aller plus loin :
- Guide Éco-responsable au bureau
- Un article de Greenpeace sur la pollution numérique
- Une vidéo à propos de la pollution numérique
- Une extension pour visualiser l’impact sur le climat de sa navigation internet
Sources :
- Lean ICT, The Shift Project 2018
- Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne, The Shift Project 2019
- ADEME, Guide “La face cachée du numérique”, 2017
- Frédéric Bordage, La société s’empare de la sobriété numérique, 2018
- GreenPeace, La pollution numérique